Hier je me suis rendue au salon numérique Connect’in de Lorient qui se tient chaque année. Deux conférences ont attiré mon attention ainsi qu’un atelier en particulier. Je vous livre ce matin mes notes à chaud (en espérant retranscrire correctement les propos des intervenants) sur ces conférences inspirantes et dont les thématiques fortes sont sujettes à discussion.

Conférence : numérique et écologie 

Le ton est donné dès la première conférence avec un thème dont on ne cessera de parler les prochains mois, le lien entre le numérique et la pollution environnementale ou même sociale. C’est une thématique qui m’est chère et que justement j’aborde dans une surprise que je vous prépare en fin d’année.

La conférence, présentée par Anthony ALFONT de Digital for the planet a duré une heure et suscité, me semble-t-il un fort intérêt de la part de l’audience.

Digital for the planet

Il faut savoir qu’il existe trois types de pollution numérique :

  • la pollution atmosphérique ;
  • la pollution sociétale ;
  • la pollution intellectuelle.

pollution numérique

Alors comment accompagner et répondre à ces enjeux tout en sachant que la production et l’usage de notre consommation électrique liée au numérique est de 16% selon l’ADEME.

  • La pollution atmosphérique

Il est nécessaire de comprendre et surtout de savoir que la production d’appareils électriques/électroniques (tels que nos portables, nos ordinateurs, imprimantes et autres appareils) sont composés de minerais rares et qu’ils représentent non seulement 80% des impacts environnementaux mais qu’ils sont également source de conflits.

Sachez que l’extraction représente une grande source de pollution. Par exemple, la fabrication d’un téléphone portable nécessite l’usage de 45 métaux rares. A titre personnel, je vous invite à lire l’ouvrage « extractivisme » d’Anna BEDNIK.

  • La pollution sociétale

Il faut savoir qu’afin de couvrir nos besoins de consommation, de nombreux enfants travaillent dans ces mines ou bien encore des populations sont déplacées.

pollution sociétale

La fabrication de nos équipements devient un problème humain dans les pays où se situent les réservoirs de métaux rares. Pour éviter et lutter contre ce pilier de pollution, il est nécessaire de re-localiser la production, pour éviter d’une part, l’exploitation des populations mais aussi pour éviter les transports liés à une fabrication disparate.

***

Nos usages du numérique sont extrêmement polluants et il ne s‘agit pas ici de culpabiliser (comme une personne du public l’a ressenti hier) mais plutôt d’informer pour mettre en place des bonnes pratiques. Les data centers, l’envoi commensurable d’e-mails ou le visionnage de videos et films en streaming s’avèrent polluants et énergivores. Il faut réfléchir à des façons différentes de consommer, réfléchir à une alimentation en énergie plus saine (je n’aime pas le terme d’énergie propre qui ne l’est pas totalement si l’on considère que la production d’une éolienne nécessite elle-même d’un procédé d’extraction) ou bien à des alternatives. Comment limiter l’impact dès la création de valeur avec l’éco conception par exemple ?

Une bonne pratique parmi d’autres à adopter : éteindre sa box le soir et en partant au travail ou en sortant du bureau. Après un sondage auprès de l’auditoire hier, il s’avère que nous sommes très (trop) peu à avoir adopté ce geste (moi y compris).

écologie numérique

Pour limiter l’impact environnemental et sociétal, nous devons aussi envisager sérieusement le recyclage local. Comment valoriser nos déchets et comment adopter un comportement plus vertueux ?

Anthony nous apprend que 30 millions de téléphones portables dorment dans les tiroirs des français (et là une fois de plus, force est de constater que j’en fais moi-même partie !!!) et ces vieux téléphones dont nous ne nous servons plus sont appelés « mines urbaines ».

Il existe en France, dans les Deux-Sèvres, un centre de reconditionnement des téléphones portables (atelier des bocages). Dans un premier temps, les téléphones sont triés (80% d’entre eux sont considérés comme obsolètes), puis sont ensuite vidés de leur mémoire, réparés et nettoyés. Sachant que le cycle de renouvellement d’un portable est de 24 mois, faire réparer son téléphone ou privilégier les téléphones re-conditionnés éviterait un surplus de production.

ecologie numerique

Qu’advient-il des téléphones non re-conditionnés ? Ils sont envoyés en Normandie pour du recyclage et une valorisation des déchets (société Morphosis). Dans un premier temps, le plastique est séparé de la carte et de la LCD, puis on récupère les cartes électroniques qui contiennent les métaux rares. Après réduction en poudre des cartes, on les fait fondre pur récupérer les métaux. L’étape de l’affinage permet d’en extraire le métal souhaité. Sachez que 800g d’argent sont récupérés par tonne de carte électronique.

Remarquez bien que de re-localiser la production ou bien encore de re-conditionner nos téléphones évite ainsi l’envoi de e-déchets chez nos voisins, car nous les occidentaux, nous sommes des enfants gâtés polluants. 44,7 milliards de tonnes de déchets électroniques sont envoyés au Ghana et entreposés dans des décharges à ciel ouvert. Qui s’occupe de brûler ces déchets (très toxiques) ? Une fois de plus les enfants (et là, ça commence à poser un problème éthique notamment lorsque l’on est soit-même parent. Loin des yeux, loin du cœur mais nous sommes désormais prévenus et nous devons agir avec bon sens et avec notre cœur).

Pour terminer sur ce pilier sociétal, les enjeux sont aussi économiques car 95% d’approvisionnement des terres et des métaux rares passe par la Chine ! (Je vous laisse imaginer la suite des enjeux et des pressions économiques, voire politiques que cela peut engendrer).

  • La pollution intellectuelle

Dernier volet de l’impact du numérique sur les humains, nos cerveaux et nos comportements. Le numérique a été pensé pour modifier nos comportements. Comme l’énonce Anthony, nous nous sommes inventés des gestes (regarder les notifications, le nombre de mentions j’aime de notre dernière publication …) et tout cela contribue à jouer sur notre métabolisme et nos fonctions cognitives.

pollution intellectuelle

Anthony nous explique brièvement la réaction d’une vieille dame face au numérique, suite à une discussion avec Inès LEONARDUZZI, fondatrice de Digital for the planet, ainsi résumé « le numérique prive des droits fondamentaux ». Ici il s’agissait par exemple de la dématérialisation des documents et procédures, et comment certaines personnes, notamment les plus âgées se retrouvaient dans le creux d’une fracture sociale certaine.

D’ailleurs, cette phrase aurait le mérite d’être proposée au bac de philo, vous avez quatre heures ! Le numérique nous fait-il vraiment progresser ? Quel en sera son futur alors qu’il est évident que nous devons construire avec les données et les insights des citoyens. L’enjeu environnemental du numérique est encore peu connu mais bel et bien un sujet capital des années à venir !

Atelier : établir une relation de confiance entre la marque et le consommateur

Deux ateliers ont particulièrement attiré mon attention.  Il faut dire qu’entre la conférence d’ouverture des festivités, les divers ateliers et la conférence de fin, un mot souvent mis sur le devant de la scène m’a interpelée : la confiance ! Cet atelier a été présenté par le dirigeant Olivier BONNIN et par sa collaboratrice Doris MADINGOU (responsable commerciale) de l’agence media Goodbuy

données collectees

Saviez-vous que les données collectées seront 30 fois plus nombreuses d’ici 2020 (c’est à dire demain) ? Bien évidemment, cela représente un enjeu de taille pour les marques et les entreprises.

  • 94% des français considèrent la vie privée comme une préoccupation importante,
  • 23% demandent à être supprimés des fichiers.

utilisation données

A qui fait-on confiance sur le numérique ?

  • A sa famille et ses amis (72%)
  • Aux avis (64%)
  • A la presse magazine (49%)
  • Aux sites des marques et entreprises (43%)
  • Aux réseaux sociaux (42%)
  • A la publicité (17%)

La connaissance du client se trouve donc au cœur de la stratégie d’une entreprise. Afin de conserver les données, il va falloir (re)travailler la confiance, c’est à dire prendre les mesures RGPD qui s’imposent mais aussi instaurer une relation authentique avec son audience.

expérience client

Le partage des données est un vrai questionnement quand on sait que 67% des français attend d’une marque qu’elle protège leurs données et que 2/3 sont prêts à partager ces dites données en échange de la perception d’une certaine valeur.

La question pour les entreprises et les marques est donc la suivante : comment valoriser l ‘expérience d’achat à tout moment du parcours client et comment enrichir cette expérience client ? (Réponse : en définissant les besoins de sa cible et en personnalisant les messages).

Quand on sait que les données sont classifiées en 3 types (déclaratif, comportemental et géographique), il est nécessaire de construire un cercle vertueux pour consolider et traiter les données intelligemment.

Selon Olivier et Doris, la date nourrit la stratégie média par :

  • une utilisation plus mesurée des différents canaux ;
  • un ciblage affiné par la connaissance des prospects et des clients.

En adaptant le message, on augmente les chances de succès d’une campagne (promotionnelle ou rédactionnelle).

Nous retiendrons donc l’importance de la mise en place d’expériences enrichies et de créer un attachement entre la marque et le consommateur pour favoriser le rapport de confiance et la fidélisation. Il est devenu impératif d’accompagner ses clients dans leur parcours et ce jusqu’à l’acte d’achat. L’enjeu pour les entreprises et les marques ? Gagner la confiance numérique avec le temps et offrir une expérience enrichie en utilisant correctement les données collectées.

Atelier : Investissement mass media / digital

Ce dernier atelier auquel j’ai assisté a particulièrement retenu mon attention. Ayant été attachée de presse par le passé et ayant travaillé avec la presse écrite, étant moi-même devenue une « digitaliste » aimant les données que nous offre la sphère digitale, cette thématique m’est apparue comme essentielle pour mieux réadapter nos stratégies futures. D’ailleurs ce fut un des ateliers dont le sujet est le plus complexe et qui aurait mérité qu’on s’y attarde plus longuement. Présenté par Diego GALON (Additi) et par Romain GUENO de Publicis Media.

L’atelier débute par les tendances et les priorités des marketeurs sur le digital comme suivre le parcours client ou encore la prospection et l’acquisition de nouveaux clients.

Quels sont les défis des entreprises ?

  • générer du trafic et des leads ;
  • gérer le site web ;
  • identifier les technologies amplifiées ;
  • recruter les talents ;
  • obtenir un budget suffisant ;
  • activer le ROI des activités marketing.

defis entreprise

Quelles sont les priorités marketing en 2019 ?

  • convertir le prospect en client ;
  • augmenter le trafic vers le site ;
  • développer les ventes ;
  • réduire les coûts ;
  • augmenter le revenu.

Notons que la recherche des performances mesurables a fait basculer les investissements vers le digital. Le digital est devenu le premier média investi qui ne cesse de croitre chaque année. Au premier semestre 2019, le marché de la publicité digitale représentait 2784 millions d’euros. Un marché enclavé et trusté par les géants GAFAM : Google et Facebook.

kpi

Diego et Romain dénoncent la concurrence qui nourrit la surenchère, phénomène auquel nous assistons depuis quelques années. Le digital implique une surenchère permanente, tendance que les annonceurs observent (et en exemple les surenchères d’achats de mots clés). Le coût du digital a subi une inflation grandissante (site + investissement SEO/SEA + concurrence + contenu) et la présence digitale peut désormais s’avérer couteuse.

Néanmoins, comment retourner la situation dans un contexte de performance et de KPI ? Afin de redonner du galon aux média traditionnels (tv, radio, presse écrite), des outils se mesure se sont créés, car à une époque où le non-mesurable ne posait aucune question, aujourd’hui il en est tout autre et les attentes des CEO ou responsables marketing ne sont plus les mêmes. (KPI mon amour)

La marque et l’entreprise doivent intégrer la défiance des consommateurs en valorisant une histoire crédible et sincère et les médias se veulent alors un tiers fort de confiance. J’avoue que cet atelier me fait poser quelques questions sur les stratégies à mettre en place l’année prochaine. Comment allier le digital et les médias offline ? Comment réintégrer une politique de communication non pas seulement axée vers le digital ?

Conférence de fin : la confiance, nouveau capital des entreprises

Voilà, le ton est donné et comme énoncé au début de cet article, le mot confiance est souvent revenu dans un grand nombre d’ateliers, y compris celui mené par Flora PETER de l’agence Grizzlead sur la construction de la confiance du client à l’ère du digital. La conférence a été parfaitement menée par Cyrille CHAUDOIT de l’agence talenco. J’avoue avoir été complètement hypnotisée et subjuguée par cette conférence très inspirante et qui amène à se poser des questions.

confiance

D’ailleurs Cyrille débutera son intervention en précisant qu’il n’apportera pas de solutions mais bien des questionnements. Je vais donc essayer de vous retranscrire au mieux ma prise de notes qui n’est qu’un résumé non exhaustif d’une heure d’intervention.

confiance biaisée

Aujourd’hui nous vivons dans une ère de frénésie où tout va (très, trop) vite et où tout s’accélère. Nos usages ont profondément été changés par la technologie (consommation de masse, marketing de masse, confiance de masse). Alors que certains n’y ont pas trouvé de rapport entre le numérique et la confiance, je pense personnellement qu’il s’agissait plus d’une conférence sur une thématique liée au numérique et à la perte de confiance en général. Cyrille interviendra sur trois axes :

  • la crise de confiance
  • les enjeux de la confiance
  • les conditions

Mais avant tout, qu’est-ce que la confiance ? D’après Cyrille et ses recherches très documentées :

  • La confiance se gagne et se donne,
  • La confiance est une cause,
  • La confiance est un préalable, une idée de risque et un élan volontaire,
  • La confiance est contextuelle,
  • La confiance est un engagement mutuel
  • La confiance est universelle (pas de confiance, pas de société)
  • La confiance est notre « précieux »

Il insiste sur le fait que nous assistons à la privatisation de la confiance mais surtout qu’elle est en déclin en France. Par exemple, 22% des français se font confiance contre 78% des danois (Je ne parlerai pas de la confiance envers les médias et les institutions).

La confiance et la perte de confiance constituent des enjeux économiques et stratégiques. Nous perdons nos repères, nous sommes depuis la révolution industrielles poussés dans une société du « je peux, donc je fais » qui bien évidemment n’est pas sans cause de dommages collatéraux et nous amène du progrès à l’excès. L’accent sera mis sur notre (nouveau) rapport au mensonge et à l’emballement médiatique avec une asphyxie complète des médias. Les infos nous sont dirigées et sont manipulées (nous ne consommons que le contenu de personnes qui pensent comme nous, merci aux algorithmes), la crédibilité des médias a chuté, nous n’avons plus confiance en Internet qui reste malgré tout la seconde source d’information. L’intelligence Artificielle pose de vraies questions éthiques quand on connaît sa faculté à manipuler le son et l’image (deep fake).

L’éveil des consciences est d’ailleurs devenu un phénomène de société, on vérifie les faits (fact checking), on s’indigne, on doute mais on refait renaitre la confiance collective.

La confiance, nouveau baromètre social des entreprises ?

Quelle est donc la capacité de l’entreprise à changer la façon de produire ou encore de renforcer la confiance comme dernier acteur pour faire évoluer les choses ? L’entreprise doit se repositionner et ne plus standardiser son offre. Elle se doit de se ré-approprier le sens des citoyens pour se positionner. Le public exige des entreprises qu’elles reprennent leurs responsabilités. Il devient nécessaire d’essayer de retrouver une forme d’équilibre et de retourner vers une économie locale. Les dirigeants d’entreprise deviennent légitimes pour conduire le changement et doivent prendre les rênes du leadership.

Retenons que :

  • la confiance pèse pour 1/3 de la valeur de la marque ;
  • il y a 2,4 x plus d’intentions d’achats lorsque l’entreprise dispose d’une réputation positive ;
  • l’entreprise doit (re)trouver sa raison d’être qui doit être pertinente pour une partie de la population ;
  • la nécessité de se positionner sur des marchés de niche (singularité de l’individu) ;
  • créer une valeur non marchande.

Aujourd’hui, nous sommes dans un partage de confiance. Le message des entreprise doit évoluer, on ne fait plus confiance à l’entreprise mais on se fait confiance à soi-même !

Les entreprises passent donc du story telling au story doing (car le message se situe dans l’action).

Pour clôturer cette demi-journée passionnante, je note que le message pour 2020 est le suivant :

  • retourner vers un marketing de valeur (je vous en parlerai prochainement dans ma surprise de fin d’année) ;
  • personnaliser le message et de s’adresser avec authenticité à son audience ;
  • ré-instaurer un climat de confiance envers ses clients ;
  • utiliser les données à bon escient et créer une valeur ajoutée ;
  • revenir à des basiques et à une communication offline dans un monde online totalement saturé ;
  • adopter des bonnes pratiques pour minimiser son impact digital ;
  • produire moins (parce que « less is more »).

L’ensemble des messages portés hier corrobore à ce que j’entends et lis depuis quelques mois. Il est important de pouvoir se remettre en cause, de se poser les bonnes questions pour continuer d’avancer sainement dans son business et dans sa relation avec autrui. C’est un impératif que chacun d’entre nous, professionnels, devons mettre en place pour notre stratégie 2020 et pour construire ensemble notre avenir commun.

Avec le flot d’informations reçus hier, j’espère ne pas avoir trop déformé les propos des intervenants et surtout d’avoir su retranscrire l’essence de leurs conférences et ateliers.

Le débat et les discussions sont ouvertes.

Merci à la technopole Lorient pour ce superbe événement et merci et bravo aux intervenants pour la qualité de leur intervention, j’en suis ressortie une fois de plus inspirée, plus motivée que jamais et avec des milliers d’idées qui fourmillent dans ma tête !

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